mercredi 19 décembre 2018

Arthrodèse thoraco/lombaire



Me voilà de retour chez moi depuis quelques semaines. Je n'ai rien écrit avant aujourd'hui pour la simple raison qu'il m'était impossible de tenir assise longtemps.
Mon nouveau corps "droit"( avec deux tiges de T9 à L3 plus les greffes osseuses plus la pose d'une cage et l'ostéotomie trans-pédiculaire,trans-discale) est difficile à apprivoiser.
J'ai perdu beaucoup de muscles et la moitié de mon dos ne pourra plus se plier. La rééducation a commencé, je dois apprendre à vivre autrement, la kiné me fait découvrir que je peux bouger avec mes autres vertèbres, muscles, je dois apprendre à mon cerveau qu'il n'y a pas de douleurs afin que celui-ci donne l'ordre de relâcher les muscles.
J'étais allongée 24h/24 jusqu'à début octobre ( ma cicatrice a mis du temps à se fermer) aujourd'hui je reste debout de 8h à 13h et 14h à 17h puis de 18h à 21h. Je ne dis pas que c'est facile, je mène un nouveau combat, récupérer. L'objectif étant de devenir autonome.
Mon corps déformé depuis plus de 30 ans est aujourd'hui réparé mais tout mon intérieur doit cicatriser et chaque muscle doit s'adapter à ma nouvelle apparence. Je pense avoir grandit de 6 cm ce qui est énorme lorsque c'est en une seule journée...
Je ne peux pas me laver seule, m'habiller seule,marcher longtemps avec où sans déambulateur, accepter le fauteuil roulant pour sortir plus de 30 minutes. J'ai un lit médicalisé. Tout mon quotidien est bouleversé. Repartir de zéro et construire un avenir.
Alors oui je n'ai plus mes douleurs d'avant, il y en a d'autres que j'espère provisoires, le moral n'est pas au rdv tous les jours, un combat de plus pour un avenir meilleur. Y croire dur comme fer pour avancer encore et encore.
Une peur en moi toujours la même va t'il y avoir un soucis?? Peur plus importante car l'infection qui a déclenché la deuxième opération était un staphylocoque doré.. Je suis sous antibiotiques depuis 3 mois bientôt. On arrête le traitement fin d'année.
Toujours du mal à lâcher prise à croire que vraiment il n'y aura pas de soucis supplémentaires. Je n'ai plus la force de retourner dans un bloc opératoire.
Je vais m'arrêter là je suis fatiguée je vous ais mis mes radios du avant et après, je pense que ces images parlent plus que mes mots.


lundi 22 octobre 2018

Un Miracle




C’est allongée au fond de mon lit d’hôpital que j’écris mon texte.
Tout ce que je pensais impossible est en train de devenir réalité, petit à petit.

C’est le 17 septembre à 7h30 que je suis partie au bloc, à 6h30 j’étais accroché à Koni, je n’arrivais plus à parler, la tension était extrême. Les brancardiers sont arrivés, il fallait partir vers mon destin…
Derniers instants où j’ai serré la main de Koni, derniers instants pour tout… Je suis partie, j’ai pu faire un petit au revoir de la main. Ascenseur, pièce d’attente et puis me voilà dans ce bloc. Je ne pleure pas, j’observe tout ce matériel, les caisses opératoires. Un interne commence à me préparer.
Perfusion, électrodes sur mon visage pour le neurologue, je reste calme comme éteinte en fait.
On m’explique qu’on me fera toutes les autres perfusions une fois endormie pour éviter le stress.
Je respire dans un masque, la peur monte je sais que voilà je vais dormir très bientôt.
Je pense à mes filles, à Koni, on me dit que je vais m’endormir…..

20h30….
Je prends doucement contact avec la réalité, qui est bien douloureuse, impression d’être passée sous un camion, j’ai mal partout, mais vraiment partout.
Je comprends très vite que ça va être compliquée. Mes jambes, je peux les bouger. Je suis incapable de le savourer.
On me remonte en chambre. Je vais te voir mon Amour. J’entends que tu es heureux, enfin après autant d’heures tu vas me voir.
Je vois ta joie, je vois que tu es ému, enfin ton stress diminue.
Je ne peux pas dire grand-chose concernant les heures de la nuit, je garde le souvenir de ta main mon Amour qui caresse mon front, je garde la douleur qui est vive, tous mouvements m’est compliqué.

Les médecins cherchaient comment me soulager ce qui était compliqué au vu de mon passé de 10 ans sous morphine et autres…

L’opération est une réussite totale, ma moelle épinière était au départ très en souffrance, et plus les chirurgiens me redressaient plus ma moelle devenait souple ce qui a permis de corriger ma déformation totalement, bien plus que ce qui était envisagé.
Je suis aujourd’hui comme tout le monde, droite comme un «  i » et chose incroyable, je n’ai plus mes douleurs, mais plus du tout.
Alors je ne marche pas beaucoup, tout est compliqué mais peu importe c’est un miracle.

Évidemment il y a eu des soucis le pas de bol qui fait que je suis toujours à l’hôpital, qu’il a fallu réopérer pour faire un lavage intérieur, c’était un risque connu et j’y ai eu droit….

Ce que je voudrais surtout ici c’est dire merci au Docteur Teyssedou du CHU de Poitiers, il a osé avec sa collègue le docteur Swenen cette opération, ils ont passé toute la journée à me réparer, des médecins, humains, présents chaque jour, mais surtout une équipe RACHIS juste exceptionnelle.
Je ne pourrais jamais assez remercier ces médecins, les internes , ils m’ont donné l’immense chance de revenir à la vie, la chance qu’enfin mon corps ne hurle plus. Ma douleur n’est plus. En l’écrivant j’ai du mal à y croire.
Je voudrais également remercier ici le personnel du 4ième étage (rachis) couloir B. Merci pour la douceur des mots des gestes lorsque vous m’avez lavé, merci pour vos encouragements de mettre un pied devant l’autre, merci pour tous ces moments où vous avez été là lorsque mon moral n’était pas au rdv.
Demain je passe un examen, si celui ci est négatif mon retour ne devrait plus tarder, vraiment j’ai très envie d’être demain et de connaître la suite des éventements.

mercredi 17 octobre 2018

Un mois après

Nous sommes le 17 octobre, un mois après, je vais faire un tout petit message.
Je suis toujours à l'hôpital.
Je vais mieux. J'ai mes jambes.
Je devrais rentrer bientôt .Je viendrai écrire ici tout ce qui c'est passé.

dimanche 16 septembre 2018

Nous y sommes !!



Il est 23 h 20 nous sommes le 16 septembre.
Je pensais être totalement stressée complètement  en panique et finalement je suis bien enfin bien au vu du contexte.
Comme si mon cerveau c'était mis en veille.
Il m'a été difficile de dire au revoir à mes filles mais j'ai réussi à prendre leurs larmes et à faire de l'humour pour voir soudain des sourires à la place des larmes.
Pourtant tout au fond de moi j'avais envie de hurler, de les serrer encore et encore, mais il fallait faire de ce moment crucial quelque chose de positif.
Aujourd'hui j'ai eu des nouvelles de "E" une personne qui est prise en charge dans le service où je suis depuis un moment. Ses mots, son recul sur les chirurgiens qui vont s'occuper de moi m'a fait du bien. Je pense même que c'est grâce à ses mots que je suis relativement en paix avec ce qui va se passer demain.
Merci à toi "E"... je serais là pour toi en novembre.
J'ai eu la visite du chirurgien. Il nous a dit que je vais partir au bloc à 7 h, arrivée la bas on va me perfuser , m'endormir, le neurologue doit installer les électrodes qui vont surveiller ma moelle durant toute l'opération, ensuite il faut m'installer. Tout cela va prendre environ 2 heures. Ensuite seulement on va commencer. Le chirurgien estime terminer entre 15 et 16 h.
Retour en chambre fin de journée.

Me voila donc, après toutes ces années au bout du chemin. On va réparer ce corps blessé, on va tenter un truc de malade. Ils vont réussir car ici je suis dans une équipe incroyable.
Et surtout entourée des miens et de toi mon Amour...

Je vais m'arrêter là j'ai hâte de pouvoir revenir et vraiment j'espère pour de bonnes nouvelles.




vendredi 14 septembre 2018

Mon tendre Amour




Mon tendre Amour, aujourd'hui c'est à toi que je veux laisser des mots.
Il y a 6 ans c'est sur ce blog que tu m'as découvert, c'est à travers mes mots, mon histoire qu'un 31 juillet à minuit et quelques minutes que tu m'as envoyé un message.
Jamais à cet instant je n'aurai imaginé que nous allions partager nos vies.
Jamais je n'aurai pu penser où rêver vivre une vie où l'amour serait plus fort que tout, une vie de famille. Une vie de partage.
Je sais combien je te semble distante, combien je suis enfermée dans ma bulle. Combien j'ai peur de te faire souffrir.
Dimanche à 16h nous allons arriver ensemble dans cette chambre. Je sais qu'à partir de cet instant tu seras mon seul et unique point de repère, tu seras ce pilier sur lequel je vais m'accrocher de toutes mes forces. Tu seras ma seule motivation, ma seule raison de ne pas m'enfuir, ma seule imagine positive.
Tu seras ma raison de vivre ma raison de continuer encore et encore, ma force pour oser ressortir de ce lit. Mon courage pour affronter la douleur.
Tu seras tout ce que tu es depuis toujours, ma raison de vouloir vieillir malgré la douleur.
Hier soir en m'endormant tout contre toi je voulais te dire combien j'avais peur, mais je suis restée silencieuse, je savais que tu ne pourrais pas me rassurer totalement, car aucun mot ne pourra le faire. Mais surtout je ne veux pas que tu sois mal, à te demander quoi répondre.
Je suis donc restée contre toi, je me suis accrochée fort à ton bras, tenir ta peau pour imprimer au plus profond de moi ton corps, ta peau, ta chaleur douce.

Mon tendre Amour, notre amour c'est construit avec beaucoup trop d'épreuves. Je rêve que celle-ci nous apporte la paix, le droit de vivre enfin dans la sérénité.
Je sais qu'il est très pénible d'être avec une personne malade. D'autant plus difficile lorsque cette personne veut à tout prix rester forte, invincible.
Pourtant tu le sais bien, je suis ce petit oiseau aux ailes brisées.
Ce petit oiseau qui, la nuit venue, vole, tourbillonne dans le ciel, ce petit oiseau qui vole toujours plus haut toujours plus loin, d'arbres en arbres, de fleurs en fleurs.
Et le matin ce petit oiseau libre dans sa tête se retrouve enfermé dans son corps, incapable de déplier ses ailes.
Cette vie inaccessible rêvée la nuit se retrouve confronté chaque matin à cette réalité, mes ailes restent fermées, je ne peux pas m'évader de ma prison.
Je te regarde alors, je vis à travers tes gestes, je te regarde faire, j'ai souvent cette image lorsque je te regardais t'habiller pour partir en moto, je regardais tes yeux briller, je voyais ce bonheur sur ton visage. C'est un peu comme monter sur cette moto avec toi.
Te voir vivre me fait du bien, te voir sourire me fait avancer, être avec toi c'est me donner cet équilibre.
Tu es le courant qui fait avancer le navire de ma vie, tu me laisses rester le capitaine de mon bateau.

Mon tendre Amour, avec toi je peux être moins femme, avec toi je peux être fatiguée, avec toi je peux tout. Mon Amour pour toi ne connaîtra jamais de fin car je sais depuis le premier instant que peu importe comment je vais être dans l'avenir tu resteras là prêt de moi pour toujours.
Et ceci est réciproque.

Lorsque je vais quitter cette chambre pour aller au bloc je ne vais pas pouvoir te rassurer, mais je veux que tu puisses venir ici lire que peu importe la suite, je suis dans ton coeur, dans ta tête, je suis partout et je t'aime. Pas un je t'aime dis comme ça vite fait, c'est un Je t'Aime comme un sacrement comme l'engagement de toute une vie. Comme une mère qui donne la vie et par cette magie se lie à jamais à son enfant.
Tu es ce que la vie m'a donné de mieux, tu es celui qui m'a donné la force de tenir toutes ces années, je n'étais plus seule. Les heures vont te paraître longues je suis désolée de te faire vivre cette épreuve. Savoir que tu seras là lorsque mes yeux vont s'ouvrir lorsque je vais savoir si oui où non j'ai perdu mes jambes  me rassure, c'est avec toi que je veux affronter tout cela.

Je t'aime Mon Amour


   

mardi 11 septembre 2018

D'une fille à sa mère. D'une mère à ses filles.





6 septembre 2018,
Encore quelques jours avant l'opération... quelques jours avant d'être dans cette chambre face à mon destin.
Je suis dans mon salon, le ciel est couvert, mon cœur est serré j'ai peur, tellement peur..
Maman, protège moi, aide moi à revenir, laisse moi continuer à rester prêt de mes filles. Je veux rester avec elles, je ne veux pas être responsable de les laisser sans moi.
J'ai lutté tant d'années, j'ai affronté tant de tempêtes, je me suis relevée à chaque fois.
Maman je voudrais te serrer contre moi, je voudrais pouvoir te dire mes craintes, je voudrais remonter le temps, me retrouver dans la cuisine ce 12 février 2003 lorsque tu as dit
" Marina tu sais j'aime ta maman elle ne me croit pas mais je l'aime".. J'ai simplement répondu " ben si maman je sais que tu m'aimes".
C'était il y a longtemps, c'était la seule fois que je t'avais entendu me dire ces mots.
Mais je le savais je sais que tu m'as aimé.
On passe tellement de temps à imaginer nos parents immortels et puis lorsqu'ils prennent de l'âge, on pense s'être préparé à leur départ.
Mais finalement on est jamais prêt, finalement on reste des enfants face au gouffre.
Perdre sa maman c'est se perdre un peu à jamais, c'est être seul(e) face au monde, c'est ne plus avoir ce socle, ce rempart contre tous les maux, c'est la fin de ce lien mère/enfant de cette oreille qui peut tout entendre, de ses bras qui peuvent recevoir toutes les souffrances.

Alors aujourd'hui c'est ici que je viens hurler en silence, c'est ici que je tente de calmer mes angoisses.
Je dors de moins en moins, mes douleurs sont de plus en plus violentes je sais que je dois faire cette opération, tout mon corps me le dit il ne tient plus, il est à bout.
Je sors avec les filles, on se promène dans les magasins, je leur laisse des souvenirs car l'année qui arrive va être difficile pour tout le monde.
Ces sorties me demandent un effort énorme, mon corps est brisé par la douleur, je garde le sourire, je respire calmement, elles m'observent, je sais bien qu'elles voient, mais elles ne disent rien.
Elles savent que je fonctionne comme cela.

Mon corps, ce corps qui n'est que douleurs, cette douleur qui a pris le contrôle de mon corps. 12 années de lutte, dont 10 pour ce dos. J'aurais tant aimé tenir encore.

11 septembre 2018,

Mes filles, je viens déposer ici des mots, des mots pour vous.
Vous avez traversé beaucoup de tempêtes à mes côtés, vous avez souffert, vous avez relevé la tête à chaque fois.
Je vous aime d'un amour sans fin, d'un amour inconditionnel, d'un amour bien plus fort que tout ce qui existe en ce bas monde.
Vous regarder grandir, vous regarder devenir des femmes petit à petit est le plus beau cadeau qu'il m'a été donné de recevoir.
Vous êtes des personnes merveilleuses, chacune à sa façon.
Mon combat à été le votre et j'ose espérer que ce 17 septembre marquera la fin de l'enfer et le début d'une nouvelle ère.
Même si ma récupération va être longue je sais que je vais pouvoir compter sur vous mes fées.
Je rêve de pouvoir vivre mieux, de pouvoir partager des moments joyeux où la douleur sera là mais nettement moins présente.
Si je fais cette opération c'est pour vivre mieux. C'est pour avoir une vie de famille bien plus agréable.
Être votre maman me rend fière, je rêve du jour où je fermerais vos robes de mariées pour vous laisser partir vers vos vies. Je rêve du jour où à votre tour vous donnerez la vie et que je prendrais dans mes bras ce petit bout de vous.
Cette opération va me donner la chance de pouvoir vivre ces moments.
Je sais combien vous avez peur, combien cette journée va vous paraître longue. Je ne peux rien garantir mais je suis certaine d'une chose qui est que cette équipe de Poitiers a pris toutes les mesures de sécurité.
En rencontrant le prof  RIGOARD j'ai su que lui seul arrivera à me faire entrer dans ce bloc opératoire. Il est plus qu'un médecin car il est en premier lieu une personne sensible à nous les malades.
Alors peu importe ce qu'il nous reste à traverser comme tempête une chose ne se brisera jamais c'est notre Amour, notre lien.

Marina, Cassandre, Emma trois fées, mes fées, Un Amour. Sans vous je ne suis rien, avec vous je peux déplacer des montagnes.
Je vous Aime



lundi 20 août 2018

Un bout de moi ...

Je parle de moi depuis longtemps je tente de mettre des mots sur que je suis, sur ce que j'ai. Je réalise qu'imaginer mon mal est compliqué, je vais donc laisser ici les images de ce qui me fait tant souffrir,

Mon dos en 2012 :







Mon dos en décembre 2017:





J'espère tellement que tout va devenir moins difficile, que je vais arriver à entrer dans une sorte de "normalité".
Pouvoir regarder vers demain sans le poids des questions sur ce que je vais devenir, sur ce que je peux ou pas faire.

Je pourrais écrire ici combien j'ai peur, combien je suis en panique face à cette opération, encore souffrir, encore devoir ressortir de ce lit, encore être découpée.
Tous ces moments qui vont être si pénibles pour moi. Je voudrais tellement pouvoir mettre des mots dessus, mais je n'y arrive pas, je n'arrive pas à dire mes craintes à mes proches car je sens combien c'est dur pour eux  d'imaginer le post- opératoire
.
Ils sont dans un schéma différent du mien, eux s'accrochent au positif, au succès de l'intervention.
Aux jours meilleurs, une vie meilleure...

vendredi 17 août 2018

Tic-Tac Dans un mois...





C'est l'esprit chargé d'inquiétudes que je viens aujourd'hui ici afin d'essayer de vider ma tète pour avancer.
17 septembre, la date est fixée. Date où les équipes du CHU de Poitiers vont tenter de me rentre ma vie en partie.
Pour comprendre je dois expliquer ce qui va se passer.
Le 17 septembre je vais aller au bloc pour faire une ostéotomie transpédiculaire vertébrale T12/L1 plus fixation de T9 à L3.
Pour résumer on découpe deux vertèbres afin de pouvoir aligner à nouveau mes vertèbres en donnant de la mobilité afin de pouvoir redresser toute la colonne et me remettre la plus droite possible. Suite à une artériographie, l'artère qui irrigue la moelle épinière passe exactement au milieu de tout cela, donc dans un premier temps ils ne vont faire que cette intervention en espérant que cela suffise.
Sinon ils devront y retourner en ouvrant tout mon flanc afin d'aller rajouter une fixation antérieure.
Le choix de ne pas faire les deux choses d'un coup, c'est pour minimiser le risque de paraplégie.

Le post opératoire va être lourd.
Déjà il va y avoir les douleurs qui, avec mon passé m'angoissent fortement, les 6 premiers mois j'ai interdiction de port de charge, pas plus d'une bouteille d'eau. Le chirurgien espère me voir marcher après 6 mois avec une esquisse de sourire.
Après un an dans sa vision la plus optimiste, le chirurgien estime que mes douleurs auront diminué de moitié. Et se sera le résultat définitif.
Alors pourquoi le faire?? Je pars du constat simple que si on diminue ou stabilise mes douleurs définitivement je n'aurais plus d'aggravation.
Je n'ai effectivement aucune autre motivation.

Maintenant il me reste quelques semaines avant de me retrouver face à ce bloc opératoire. Face à ces deux chirurgiens qui vont s'occuper de moi toute la journée. Face à mon destin.
Face à moi, à toutes ses craintes depuis la naissance d'Emma. Toutes ces catastrophes qui se sont enchainées depuis presque 12 ans.
Je ne suis pas seule, il y a mes fées, il y a Koni, je voudrais tellement qu'ils n'aient pas à vivre cette journée. Je voudrais trouver les mots pour les rassurer alors que je sais combien tout va être compliqué pour eux.

Un Mois, dans un mois je serais probablement déjà dans ce bloc, mon ventre se serre à cette idée. C'est tellement compliqué pour moi de revivre encore une fois ce stress. Faire confiance, confier ma vie à des gens, ne pas pouvoir gérer ce qui va se passer.
N'avoir que l'espoir que tout ira mieux.
Je suis dans cet état car d'autres médecins ont détruit ma vie en jouant aux guérisseurs sans prendre en compte les risques. Sans se renseigner sur un "cas" comme le mien.
Dans mon dossier médical le chirurgien a écrit à un spécialiste "existe t'il des compressions chroniques de la moelle épinière?"..
Sérieusement comment est il possible de rendre une colonne vertébrale instable sans se poser les questions minimums sur les risques. En pensant simplement que cela n'arrivera jamais..

J'ai peur, tellement peur, je suis terrorisée devant ce combat qui m'attend.
Ca fait déjà tellement d'années que je mène ce combat. Je suis fatiguée de me battre.
Alors pourquoi continuer?
Pas vraiment pour moi finalement, je le fais pour elles, pour lui. Je voudrais simplement qu'un jour ils aient une femme debout sans canne, sans fauteuil. Une femme capable de vivre un minimum comme tout le monde.


 

mercredi 30 mai 2018

Se lever pour aller vers un demain meilleur ..


Cela fait maintenant quelques années que je n'ai rien écrit ici, ma vie a radicalement changé.
Je vis aujourd'hui avec Koni, Nous sommes une famille.
Il m'a accepté avec mes douleurs, avec mes filles.
Même si pour lui ma douleur n'est pas un frein elle l'est toujours pour moi.

Ma douleur, mon dos... vaste sujet.
Pour comprendre la suite je dois faire un point. L'opération de 2008 a aujourd'hui des conséquences dramatiques. Les chirurgiens m'avaient dit jamais mon dos ne sera jamais instable..
Sauf que depuis novembre 2017, date de mon IRM de contrôle c'est un peu la catastrophe.
Instabilité vertébrale, cyphose évaluée à 100 degrés. Moelle épinière presque totalement pincée..

Alors parlons des possibilités.
1/ on ne touche pas devant les risques d'une énorme chirurgie, je perds mes jambes mais je garde la douleur..
2/ on opère, je peux perdre mes jambes; si c'est le cas je perds la douleur. Opération évaluée à 10 h de bloc  à deux ou trois équipes chirurgicales.. on ouvre tout le bas ventre et tout le dos...

Voilà ce qui est là juste devant moi.

J'ai pris la décision de risquer l'opération, car la douleur est tellement violente actuellement que toute ma vie n'est que lutte, restrictions...
11 années de souffrances... et là je rencontre un chirurgien incroyable, une équipe formidable. Un endroit que je ne pensais même pas pouvoir trouver un jour en France.
Ce chirurgien me dit " on est une équipe, vous et moi , si vous me donnez votre confiance j'y vais et je vais tout faire pour vous rendre votre VIE".. C'est la seule et dernière chance d'y arriver maintenant avant que cela ne s'aggrave encore...

ME RENDRE MA VIE...

Vous imaginez une chose pareil ???
Arrêter les médocs, vivre, respirez comme vous, dormir comme vous, appuyer sur une poignée de porte sans avoir mal, marcher 10 mètres sans trembler, arrêter de calculer chaque geste pour tenir jusqu'au soir.
Pouvoir tout simplement ne plus réfléchir à comment tenir, comment avancer, comment m'assoir sans que mes jambes s'endorment, comment passer le balai, comment me laver.. tous ces comment qui cadrent ma vie jours après jours, années après années..

Ne plus avoir mal, je n'ai absolument plus aucun souvenir de cette vie là !!
Je n'arrive même pas à imaginer qu'on puisse ne pas avoir mal.Si je tente de le faire, l'image qui me vient c'est me lever le matin, pouvoir me redresser sans avoir cette sensation que tout va s'écrouler, comme si au milieu de mon dos une pression inouïe broyait mes vertèbres. Ma respiration est coupée, je suis en apnée, mes yeux se ferment et je me dis que je dois avancer poser un pied devant l'autre, après quelques pas je peux enfin me mettre droite, mes mains tremblent, mes dents sont serrées.
Je peux enfin relâcher l'air qui est dans mes poumons tout doucement comme après une contraction pour donner la vie.
Sauf que je ne donne pas la vie, je tente simplement de commencer ma journée, cette journée de plus où mon combat silencieux prend de plus en plus de place...

Malgré les années qui passent je ne sais toujours pas demander de l'aide, je n'accepte toujours pas d'être diminuée.
On ne peut pas, en me regardant, imaginer une seule seconde ce qu'est ma vie intérieure, à quel degré de douleur je fais face à chaque instant.
Il n'y a qu'ici que je donne des images, car ici je suis anonyme, me prendre en pitié serait dramatique.

Pourquoi revenir ici après tout ce temps, toujours pour laisser ces traces de moi pour elles.. pour lui, ces 4 personnes qui font que chaque matin je pose ce pied au sol, ces 4 personnes qui m'ont donné la force et le courage de tenter cette chirurgie de l'extrême.
Ces 4 personnes qui me donnent l'espoir qu'un jour je pourrais à nouveau être libre, libérée de ce corps qui est ma prison.